Histoires de boudin

LE DEVOIR – ALIMENTATION

Histoires de boudin

Sophie Ginoux
Collaboration spéciale
À travers le Québec, plus de 160 restaurants, bouchers et charcutiers s’adonnent à la confection du boudin sous forme classique ou créative.
Photo: iStock À travers le Québec, plus de 160 restaurants, bouchers et charcutiers s’adonnent à la confection du boudin sous forme classique ou créative.

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

 

Vieux comme le monde ou presque, le boudin fait partie de la grande épopée alimentaire des hommes. Associé à plusieurs cultures culinaires, décliné de multiples manières, il a autant nourri les estomacs que les imaginaires. Il méritait donc bien que nous plongions dans son histoire, faite de traditions, d’innovations… et de beaucoup de passion !

 

La légende veut qu’un cuisinier de la Grèce antique, Aphtonite, soit l’inventeur du boudin noir. Mais l’utilisation du sang de porc à des fins culinaires remonte fort probablement à bien plus longtemps, puisque la domestication du sanglier, rebaptisé porc, date de 8000 ans avant notre ère. Faute de traces écrites, on prête aux héros légendaires de l’Odyssée, ainsi qu’aux Spartiates, la préparation de brouets noirs faits de sang de porc cuit avec du gras et du vinaigre. Nul ne peut dire en revanche quand l’idée d’utiliser les boyaux du porc comme poche pour contenir cette préparation émergea.

Qu’importe, on sait que les conquérants vikings, implantés des deux côtés de la Manche, dont la Normandie en France, ont popularisé ce mets que l’on prononçait à l’anglaise « boudine », un mot qui désignait aussi à l’époque un gros ventre, une bedaine. Lors de la « tuade du cochon », le sang était ainsi toujours récupéré pour faire du boudin noir, dont la recette — ⅓ de sang, ⅓ de gras et ⅓ d’oignons — a traversé le temps. Quant au boudin blanc, constitué de viande blanche, de gras, d’oeufs, de lait et de garnitures diverses, son invention ne date que du siècle des Lumières.

Vie, mort et renaissance du boudin au Québec

 

Lorsque Jacques Cartier établit une première colonie en Nouvelle-France, il avait dans les soutes de son bateau des porcs destinés à l’élevage. Comme le raconte l’historien de la gastronomie Jean-Pierre Lemasson dans son essai Copains comme cochons, le porc est ainsi devenu ici une source centrale d’alimentation pour les colons, et l’abattage de l’avent, une fête traditionnelle au cours de laquelle on découpait, gardait et transformait toutes les parties de l’animal, notamment son sang, son gras et ses abats.

Au fil du temps, on laissa de plus en plus la préparation du boudin lui-même aux charcutiers, pour se concentrer sur des manières de l’apprêter. Mais ce mets faisait partie du quotidien. Louis Bouchard Trudeau, à la tête de l’institution du boudin le Pied bleu à Québec, se souvient que lorsqu’il était jeune, il se rendait chaque semaine avec son père aux halles pour en acheter. Une tradition que suivaient encore beaucoup de Québécois, que ce soit par gourmandise ou pour les propriétés du boudin, pauvre en glucides et riche en protéines, en calcium, en potassium et en magnésium.

Puis, hygiénisme de notre société nord-américaine oblige, le boudin disparut presque de nos comptoirs, alors qu’il demeurait populaire ailleurs. Mais il n’avait pas dit son dernier mot. À l’aube du IIIe millénaire, plusieurs chefs et charcutiers du Québec ont remis le boudin au menu. Si bien qu’aujourd’hui, le Pied bleu à lui seul en écoule en moyenne une tonne par semaine ! « Notre clientèle compte aussi bien des jeunes couples que des aînés de 90 ans », se réjouit M. Bouchard Trudeau, un vrai passionné intronisé à la confrérie des chevaliers du goûte-boudin de Mortagne-au-Perche, la capitale française du boudin, qui organise chaque année le concours du meilleur boudin au monde avec des centaines de participants d’un peu partout.

Boudin classique ou créatif ?

La France n’a cependant pas le monopole du meilleur boudin. À travers le Québec, plus de 160 restaurants, bouchers et charcutiers s’adonnent à la confection de ce mets sous forme classique ou créative. Le Pied bleu en propose en moyenne six sortes à sa clientèle, du boudin normand qui respecte la recette d’origine, au basque avec de la viande effilochée dans la préparation, en passant par l’antillais plus épicé et d’autres aux cinq épices, au fromage bleu ou encore farcis d’orge.

« On peut être très créatif avec le boudin, indique le maître charcutier. Il en existe même des versions sucrées, par exemple façon gâteau opéra. Personnellement, je dirais qu’un bon boudin se caractérise surtout par du sang de porc de qualité, du moelleux à l’intérieur, du croustillant à l’extérieur et l’équilibre des saveurs. » Louis Bouchard Trudeau ne se contente d’ailleurs pas de produire du boudin. Il essaie aussi de goûter à tous ceux qu’il croise ici et ailleurs… quitte à prévoir ses voyages en fonction des dégustations qu’il pourra faire sur place.

Tout comme lui, des passionnés de boudin se cachent aux quatre coins du Québec, notamment à Boucherville, la commune jumelée à Mortagne-au-Perche. Depuis 2018, sous l’impulsion des chevaliers du goûte-boudin, l’Association québécoise du goûte-boudin de Boucherville (AQGBB) se démène pour faire avancer la cause du boudin, encourager ses artisans et stimuler sa créativité. « Nous organisons un concours annuel, des sorties gastronomiques tout-boudin et, depuis 2021, une Semaine nationale du boudin avec de l’affichage et des menus mettant le boudin en avant à travers la province, explique Florence Junca Adenot, cofondatrice de l’association. Nous adoubons aussi chaque année deux nouveaux chevaliers du goûte-boudin (dont la personnalité d’affaires Françoise Bertrand en 2022), qui deviennent d’excellents ambassadeurs de ce mets. » Alors, doutez-vous encore de la popularité renouvelée du boudin ?

Les meilleurs boudins du Québec de l’année 2022


Depuis 2018, le concours Délys, organisé par l’Association québécoise du goûte-boudin de Boucherville (AQGBB), rassemble chaque année les amateurs de boudin noir de la province. Comment fonctionne-t-il ? Eh bien, 24 jurés citoyens jugent tout d’abord à l’aveugle les échantillons des participants (au nombre de 39 en 2022) selon une série de critères, et ils sélectionnent trois finalistes dans deux catégories : celle du boudin classique et celle du boudin créatif. Puis, un jury constitué de cinq experts détermine, parmi ces finalistes, les prix Délys de bronze, d’argent et d’or qui sont remis lors d’un grand banquet au cours duquel sont aussi adoubés de nouveaux chevaliers québécois du goûte-boudin. Quels sont les boudins victorieux en 2022 ? Remis le 13 novembre dernier, les prix Délys d’or du meilleur boudin classique et créatif ont été respectivement attribués au Pied bleu de Québec et à La maison du rôti de Montréal. Les prix Délys d’argent ont pour leur part été remis au traiteur Comptoir Espace gourmand de Boucherville et à la boucherie La chair exquise de Repentigny. Enfin, les prix Délys de bronze sont revenus au restaurant La fenouillière de Sainte-Foy et aux fermes Pro-Bouffe de Marieville. Nous vous recommandons évidemment de rendre visite à toutes ces adresses pour goûter à ces boudins primés !

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

Debeur.com parle de nous et du concours 2022

  

4e Concours du meilleur boudin québécois à Boucherville

Dec 5, 2022

 

 

 

Nous sommes des inconditionnels du boudin, mais il faut bien l’avouer il n’est pas facile d’en trouver qui méritent des éloges.

 

Par Huguette Béraud

Photos des lauréats: AQGBB

Photos des assiettes: Debeur © 2022

                             

Ce concours provincial, lancé il y a 4 ans par l’Association québécoise du Goûte-Boudin de Boucherville (AQGBB), à l’instigation de Jean-Pierre Lemasson, en collaboration avec la Confrérie du Goûte-Boudin de Mortagne-au-Perche, en France, se présente en deux catégories : le boudin classique et le boudin créatif québécois. Dans chacune des catégories, il est remis 3 prix Délys, bronze, argent et or.

 

Nous sommes des inconditionnels du boudin, mais il faut bien l’avouer il n’est pas facile d’en trouver qui méritent des éloges. Merci à ce concours de favoriser le savoir-faire de nos artisans charcutiers et chefs cuisiniers prêts à s’investir dans la recherche de ce mets populaire. Un mets réconfortant.

Photo ci-contre: Thania Goyette et Louis Bouchard-Trudeau propriétaires du Pied Bleu, lauréats du prix Délys or 2022 pour le  boudin classique.

Les Prix Délys 2022

 

Les prix Délys ont été remis le 13 novembre 2022, lors d’un banquet au Centre Multifonctionnel de Boucherville.

 

Les lauréats du boudin classique (1/3 de sang, 1/3 de porc, 1/3 d’oignons)

Délys Or : restaurant Pied Bleu de Québec

Délys Argent : traiteur Comptoir Espace Gourmand de Boucherville

Délys Bronze : restaurant La Fenouillière de Sainte-Foy à Québec

 

Les lauréats du boudin créatif

Délys Or : La maison du rôti du Plateau de Montréal

Délys Argent : boucherie Lachaire Exquise de Repentigny

Délys Bronze : Les fermes PB de Marieville

 

Menu du banquet

 

Voici le menu du banquet annuel organisé par l’Association québécoise du Goûte-Boudin de Boucherville (AQGBB). Une occasion festive pour annoncer les gagnants des Prix Délys. Un événement destiné à promouvoir les meilleurs boudins du Québec, mettant en vedette l’inventivité des préparations de ce produit économique millénaire, encourager les recettes culinaires, en l’élevant au rang de mets gastronomiques. Un mets qui honorera notre table à maintes occasions.

 

Les bouchées apéritives furent servies avec deux vins mousseux Segura Viudas Brut Reserve Cava * et un Hungaria grande cuvée.

En première entrée : Velouté pommes panais. Croûtons de boudin noir.

Deuxième entrée : une Tartine de boudin noir, courge, pomme, labné, sauce canneberge, très belle présentation dans l’assiette.

Le plat principal : Boulette de morue, écrasé de pommes de terre au boudin, beurre nantais, endive braisée et salicorne

Et un dessert bien réussi : Pavlova comme un boudin blanc, ananas, mangue et perles de chocolat, une tuerie de saveurs.

Toutes ces recettes, mettant les meilleurs boudins du Québec sur la sellette, ont été accompagnées par  un vin rouge du Beaujolais : Morgon Louis Tête  2020, un très bon Morgon, fruité, racé, rond, long en bouche, avec des notes épicées et un vin blanc Côte- du-Rhône Guigal 2021, offrant des arômes d’abricot et de fleurs blanches.

 

Intronisations

Dans une ambiance débonnaire, à l’aide d’une grande fourchette en bois, Florence Jonca-Adenot, présidente de l’AQGBB, a procédé à l’adoubement de deux nouveaux chevaliers suivant un protocole qui nous a fait retourner au Moyen Âge.

 

Il s’agit de Bernard Giroux, avocat, médiateur et arbitre, aussi membre de la confrérie du Beaujolais, et Françoise Bertrand, présidente du conseil d’administration de Via Rail Canada et membre du conseil des gouverneurs de l’Université Concordia. Tous deux se sont engagés à promouvoir le boudin dans leurs réseaux et à le consommer régulièrement.

 

Achat de boudin

 

À la sortie du banquet, nous avons acheté du boudin à Louis Bouchard Trudeau propriétaire du Pied Bleu (Délys d’Or). Nous l’avons dégusté le lendemain soir avec des pommes de terre sautées au gras de canard et une belle compote de pommes du jardin. C’était divin ! Cela nous a réconfortés de constater que l’on pouvait trouver du boudin à son meilleur au Québec.

Citons que ce chef a reçu en même temps l’or à la Confrérie du Goûte-Boudin de Mortagne-au-Perche, en France.

 

Nota bene

Une nouveauté encourageant les étudiants de la relève: pour la première fois, le  concours a été ouvert à des écoles Hôtelières, dont deux se sont démarquées.

 

Association québécoise du Goûte-Boudin de Boucherville (AQGBB)

459 des Alouettes, Boucherville

Site web: www.goute-boudin-quebec.ca

Facebook : www.facebook.com/goute.boudin.quebec

Vidéo envoyée par AQGBB et préparée par Anton Koch sur le Concours et le Banquet tenus en 2022

 

Lire aussi nos articles sur le sujet:

Le meilleur boudin québécois 2021

Arrêtons de bouder le boudin ! C’est un mets des plus appréciés

Concours du meilleur boudin artisanal québécois

Semaine québécoise du boudin

Et aussi le fameux livre de Jean-Pierre Lemasson:

Le cochon fait partie intégrante de la culture occidentale

 

Posté par : debeur de debeur.com

La voix de l’Est:

Les Fermes PB championnes du
boudin au Québec

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22 novembre 2022 3h00 Mis à jour à 4h30

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Les Fermes PB championnes du boudin au Québec

Jean-Luc Lorry

JEAN-LUC LORRY

La Voix de l’Est

Au fil des années, Les Fermes PB de Marieville ont acquis un savoir-faire reconnu dans la préparation du boudin à l’échelle du Québec. Pour une quatrième année consécutive, cette entreprise spécialisée dans la transformation alimentaire a reçu une distinction, appelée prix Délys, pour la qualité de son produit.

L’Association québécoise du Goûte-Boudin de Boucherville a profité de son banquet annuel pour révéler les gagnants de la quatrième édition de son concours. Les lauréats se sont illustrés dans les catégories boudin classique et boudin créatif.

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« Nous sommes la seule entreprise au Québec à gagner une assiette à ce concours à chaque année. Nous avons gagné deux fois le bronze et une fois l’or et l’argent », indique avec fierté Janick Martin, propriétaire des Fermes PB.

Pizza au boudin

Les Fermes PB ont décroché le Délys Bronze dans la catégorie du meilleur boudin créatif derrière la boucherie La Chair Exquise de Repentigny (Délys Argent) et le restaurant La Maison du Rôti à Montréal (Délys Or).

Les assiettes avec des plats préparés avec du boudin sont présentées anonymement aux juges du concours du meilleur boudin du Québec.

Les assiettes avec des plats préparés avec du boudin sont présentées anonymement aux juges du concours du meilleur boudin du Québec.

FOURNIE

« Cette année, nous avions préparé une pizza au boudin avec des oignons et des pommes caramélisés ainsi que du fromage en grains », décrit Janick Martin.

« Ce concours à l’aveugle se déroule en deux étapes, explique Pierre Chagnon, l’un des juges amateurs, en entrevue à La Voix de l’Est. Durant la première étape, une vingtaine de juges amateurs évaluent les différents plats. Puis la seconde étape est la dégustation par des juges professionnels qui sont des chefs cuisiniers et des professeurs en hôtellerie. »

Le boudin a la cote

Pour le meilleur boudin classique, le Délys Or a été remis au restaurant Le Pied Bleu de Québec.

« Ce restaurant nous dit vendre pour une tonne de boudin par semaine. Ce produit gastronomique et raffiné a encore de belles années devant lui », estime M. Chagnon.

L’équipe des Fermes PB ont remporté le Délys de bronze dans la catégorie du meilleur boudin créatif au Québec. Janick Martin, propriétaire de l’entreprise à gauche sur la photo.

L’équipe des Fermes PB ont remporté le Délys de bronze dans la catégorie du meilleur boudin créatif au Québec. Janick Martin, propriétaire de l’entreprise à gauche sur la photo.

FOURNIE

Comparativement au boudin classique, le boudin créatif doit comporter un tiers de sang de porc. « Ce style de boudin sort de l’ordinaire au niveau du goût, des arômes, des épices et de la présentation », mentionne Pierre Chagnon.

Le boudin en boyau et le boudin sous forme de terrine représentent l’une des spécialités des Fermes PB qui fabriquent également des saucisses, des charcuteries et des viandes farcies.

Depuis 2018, l’Association québécoise du Goûte-Boudin de Boucherville organise le concours du meilleur boudin au Québec en collaboration avec la Confrérie des Chevaliers du Goûte-Boudin de Mortagne-au-Perche en France.