L’association du Goûte-Boudin du Québec en visite Publié sur ouest-france.fr le 20/03/2018 écrit par Monique Béguin
Jean-Pierre Lemasson est venu du Québec en ambassadeur pour assister au concours du meilleur boudin. Une association sœur de la confrérie a été créée à Boucherville.
« Comme il n’est plus de mode de signer un pacte de sang, remplaçons-le par un pacte de boudin bien cuit au feu de bois lors des veillées entre amis gourmands ». Telle est la déclaration de Jean-Pierre Lemasson, professeur universitaire québécois retraité, venu spécialement de Boucherville, ville québécoise jumelée avec Mortagne, pour apprendre sur le tas les us et coutumes du concours mortagnais de boudin qui a lieu chaque année dans le cadre de la foire. Il n’a pas été déçu.
Ce sont en effet pas moins de 600 échantillons qu’il a fallu trier, étiqueter et mettre en place avant qu’ils ne soient présentés aux membres des jurys. Un étonnement pour ce professeur d’université spécialiste de la gastronomie, qui n’a pas dédaigné de mettre la main à la pâte lors de l’évaluation des boudins concurrents.
Son but : comprendre toute la logistique afin de la reproduire lors du concours du meilleur boudin québécois prévu en novembre prochain. Même informé des procédures de ce concours, son étonnement a été grand. « Face à cette profusion de boudins de toutes tailles et de toutes saveurs, j’ai l’impression de vivre à côté de chez Rabelais », commente-t-il en plaisantant sur ce « grand déballage de tripes culturel ».
« Renouer avec une coutume »
Celui qui sera responsable de l’organisation du futur concours québécois a été stupéfait de la complexité de cette entreprise. « Je ne soupçonnais pas une telle logistique pour une opération qui implique autant de bénévoles ».
L’admiration du Québécois se tourne par ailleurs vers les membres de la confrérie dont certains, anciens charcutiers de métier, peuvent juger au premier coup d’œil de la qualité de ce qu’ils déballent avant même de le déguster.
Autre constat : la créativité, même dans un boudin classique. C’est ce professionnalisme qu’il espère remettre au goût du jour au Québec et il est optimiste. « Renouer avec une coutume ancestrale qui a perduré jusqu’au début du XXe siècle a déjà trouvé un écho favorable chez les charcutiers et restaurateurs contactés, même si l’urbanisation a fait disparaître partiellement ce mets traditionnel ». Et de rappeler que les porcs faisaient presque partie des bagages de ceux qui arrivaient en Nouvelle-France au XVIIesiècle.
Optimiste
Jean-Pierre Lemasson est donc optimiste. « Je constate, au Québec, un regain d’intérêt pour le boudin. On en trouve de plus en plus dans de nombreux restaurants ». Déjà, une soixantaine de concurrents de toute la province se sont fait connaître pour participer au concours qui aura lieu à l’automne. Les membres de l’association québécois du Goûte-Boudin de Boucherville ont par ailleurs un allié de choix pour accompagner leur projet. Il s’agit de Jean Martel, le maire de la ville jumelée avec Mortagne. Lui aussi, à l’instar des membres de la jeune association, souhaite favoriser la notion de partage et imaginer de « nouvelles pousses aux racines traditionnelles françaises adaptées à la réalité culturelle du Québec ».
Pour le groupe fondateur de l’association gastronomique, nul doute que la cuisine est un lieu de terrain d’entente et d’amitié. Ainsi que le rappelle Jean-Pierre Lemasson avec humour : « Au Québec, tout ce qui renvoie à la France remue les tripes ».